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Avec l'utilisation toujours plus grande d'objets connectés, informaticiens, développeurs et programmeurs informatique sont courtisés à prix d'or par les entreprises sur le marché international. Dans ce contexte très concurrentiel, l'Amérique latine a bien du mal à retenir ses talents.
Le déficit des professionnels dans le secteur est "énorme" à l'échelle de la planète, confirme à l'AFP Diego Bertolini, directeur des ressources humaines de l'agence de marketing numérique Raccoon.monks.
Pour les attirer, les entreprises internationales "sont extrêmement agressives en termes de salaires et d'avantages sociaux", constate-t-il, d'autant que le marché s'affranchit désormais des frontières grâce au télétravail et aux outils de réunions à distance.
Autre conséquence de la pandémie, la dévaluation des monnaies latino-américaines qui rendent les offres d'entreprises étrangères, payées en dollars ou en euros, bien plus attractives pour les talents locaux.
Et ces multinationales font, elles, des économies d'échelle en versant des salaires plus bas qu'en Europe ou aux États-Unis.
"C'est bon pour nous tous : c'est bon pour moi, c'est bon pour eux", se réjouit Adriana Zegarra, 44 ans, programmeuse bolivienne autodidacte qui travaille pour une entreprise canadienne sans quitter sa maison de La Paz située en face du Nevado Illimani, montagne enneigée de la Cordillère des Andes.
"Les contrats des consultants internationaux pour mon poste se situent entre 2.000 et 3.000 dollars par mois. Il y a des ministres ici qui gagnent autant", dit-elle à l'AFP, reconnaissant qu'une entreprise bolivienne "me paierait trois fois moins pour le même travail".
De facto, les grands perdants sont les petites et moyennes entreprises locales qui ont toutes les peines du monde à recruter et conserver leurs ingénieurs.
Or en 2021, le marché informatique dans cette région du monde a connu une croissance de 8,5%, selon le cabinet spécialisé IDC et l'estimation pour 2022 grimpe à 9,4%.
Et selon le cabinet international de recrutement PageGroup, d'ici fin 2022 48% des besoins en main-d'œuvre dans ce domaine ne seront pas satisfaits en Amérique latine.
Jhon Montevilla, chef d'entreprise de 39 ans voulait ouvrir en Bolivie une plateforme d'annonces en ligne du type "Le Bon coin" mais l'application "n'a jamais vu le jour".
"Quand il était temps d'investir dans le marketing, les fonds disponibles avaient déjà été versés en salaires parce qu'on voulait être attractifs", déplore-t-il.
Et quand un jeune est formé, il est rapidement attiré par des sirènes plus sonnantes et trébuchantes.
"Un grand effort est fait en interne pour les hisser à un niveau nécessaire", mais "dès qu'ils sont formés une meilleure proposition se présente à eux", explique M. Bertolini, "et ils ne réfléchissent pas à deux fois avant d'accepter".
- Postes en souffrance -
L'Uruguayen Guzman Freigedo, 31 ans, a suivi cette trajectoire. Il vient d'être engagé comme ingénieur réseau pour une société néerlandaise de supermarché en ligne.
Faute de trouver un ingénieur expérimenté, son précédent employeur l'a "formé à tout pendant la première année", dit-il. Trois ans plus tard, il prend la direction d'Amsterdam où il gagnera "entre trois et quatre fois" plus qu'à Montevideo.
Il assure à l'AFP qu'il ne part pas "pour des raisons financières" mais pour s'essayer à "une autre expérience" auprès de groupes "internationaux".
En Uruguay, 5.000 postes de professionnels de l'informatique sont en souffrance, "une augmentation récente", indique à l'AFP Matias Boix, de la Chambre uruguayenne des technologies de l'information.
Au Brésil, pour la période 2021-2025, près de 800.000 postes seront à pourvoir. Si 53.000 personnes sont formées chaque année, le secteur en réclame 159.000, selon Brasscom, l'organisation qui chapeaute le secteur.
Citée comme bonne élève, la Colombie a lancé un programme pour former 100.000 jeunes programmeurs.
Si les universités et les politiques publiques d'Amérique latine sont accusées d'être à la traîne en matière de formation technologique, la main-d'œuvre informatique y a augmenté presque deux fois plus vite que celle des États-Unis au cours des cinq dernières années, selon PageGroup.
Pour Sarah Stanton, du groupe de réflexion Inter-American Dialogue, le secteur privé et les institutions publiques dans la région doivent se coordonner et accentuer les échanges régionaux pour relever ces "défis de compétences" essentiels au progrès économique.
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T.Mason--TFWP