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A Houston, David Blanco fait son plein d'essence, pistolet bien visible sur le flanc.
Le 8 novembre, ce Texan d'origine hispanique votera aux élections de mi-mandat, et pour départager les candidats, il a un critère: "les armes à feu".
Longtemps peu intéressé par la politique, David Blanco ne votait pas. Les choses ont changé quand les responsables politiques "ont commencé à menacer le deuxième amendement de la Constitution", qui garantit le droit au port d'armes, dit-il, citant notamment des propositions d'interdiction de certains fusils semi-automatiques.
A ce moment-là, "je me suis dit +tu sais quoi, peut-être que je devrais m'impliquer+", raconte à l'AFP ce barbu de 33 ans, cheveux longs et look sombre.
David Blanco scrute désormais le passé des candidats, guettant toute remise en cause de ce droit qui lui est cher.
Le choix n'est pas si simple. "Certains républicains et conservateurs sont anti-armes", précise-t-il, même si ce camp politique est traditionnellement bien plus souple sur le sujet.
Au Texas, l'un des Etats les moins restrictifs en la matière, l'arme est reine - et toute personnalité politique voulant y faire carrière a intérêt à le prendre en compte.
Mais à Houston, bastion démocrate dans un Etat farouchement républicain, voir des habitants se promener armés reste rare.
Si David Blanco veut montrer son pistolet, c'est pour mieux dissuader de potentiels agresseurs.
Il possède huit pistolets et fusils car "en cas de pépin, on peut armer ses voisins", dit-il. Ils lui servent aussi à pratiquer le tir, son hobby préféré.
- Suicide -
Urbain et d'origine hispanique, David Blanco n'a pas le profil classique du propriétaire d'arme américain, généralement blanc et rural.
En 2021, 47% des adultes blancs déclaraient vivre dans un foyer possédant une arme, contre seulement 26% de ceux d'origine hispanique, selon le centre de recherche Pew.
David Blanco vit avec un colocataire dans un quartier où les fusillades ne sont pas rares. C'est aussi là qu'il a grandi, élevé par une mère d'origine mexicaine qui craignait sans cesse d'être braquée.
Il est toujours sur ses gardes. Alors qu'un cycliste passe, il surveille, le soupçonnant d'être un cambrioleur en repérage.
Trois événements, survenus dans sa jeunesse, l'ont convaincu de s'armer: un cambriolage d'amis, une fusillade dans une maison voisine et, enfin, l'ouragan Ike, qui plongea le quartier dans l'obscurité pendant plusieurs jours en 2008.
Durant des nuits rythmées par d'effrayants coups de feu réguliers, la famille avait protégé sa maison des pilleurs avec l'arme de son frère aîné, Humberto, ce qui marqua profondément David Blanco.
Le Texan est pourtant bien placé pour comprendre les tragédies que les armes provoquent.
Deux ans après l'ouragan Ike, il entend un jour son frère aîné manipuler son fusil à pompe. Apeuré, il appelle la police, qui, en arrivant, découvre que Humberto s'est suicidé.
Aux Etats-Unis, la majorité des morts par arme à feu sont en fait des suicides, un argument régulièrement avancé par ceux qui défendent leur encadrement plus strict.
Mais David Blanco ne le voit pas de cette façon. "Il aurait pu se pendre", évacue-t-il.
- AR-15 -
En mai, le Texas a été endeuillé par l'un des pires massacres en milieu scolaire. Un tireur a tué 19 enfants et 2 enseignantes dans l'école élémentaire d'Uvalde, en utilisant un fusil semi-automatique AR-15, arme régulièrement utilisée dans ce type de tueries.
"Ce qui s'est passé est très triste", s'émeut David Blanco.
Mais condamner le crime n'équivaut pas, pour lui, à condamner l'arme. A ceux qui affirment qu'un citoyen lambda n'a pas besoin d'un fusil d'assaut pour se défendre, il répond qu'il "y a des tas de raisons pour lesquelles vous pouvez utiliser un AR-15".
Il en possède deux, et pense que cela pourrait lui permettre de répondre plus rapidement à une éventuelle menace.
Des propos que Greg Abbott, actuel gouverneur du Texas et candidat à sa réélection, ne renierait sans doute pas. L'an dernier, le républicain a autorisé presque tous les Texans à porter une arme de manière visible, sans formation et sans permis.
Il est grand favori face au démocrate Beto O'Rourke, qui défend des restrictions plus sévères. Après la tuerie d'Uvalde, il s'était fait remarquer en interrompant Greg Abbott lors d'une conférence de presse, lui reprochant son inaction.
Mais, prudent, Beto O'Rourke se dit sur son site "fier de la longue tradition de possession responsable d'armes à feu" de son Etat.
T.Gilbert--TFWP