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Le XV de France est "beaucoup plus attendu" aujourd'hui après son Grand Chelem dans le Tournoi des six nations, estime dans un entretien à l'AFP son capitaine Antoine Dupont à l'approche des tests d'automne contre l'Australie, l'Afrique du Sud et le Japon.
QUESTION: Ces tests automnaux lancent-ils la dernière ligne droite jusqu'à la Coupe du monde 2023 en France?
REPONSE: "Tout le monde l'a forcément dans la tête, mais on n'en parle pas pour le moment. On se prépare d'abord pour gagner ces matches (de novembre), pour continuer à grandir ensemble, à accroître notre vécu collectif, notre expérience, à gagner en maturité parce qu'on reste une équipe jeune. On prépare cette tournée dans cet esprit-là et la Coupe du monde arrivera très vite derrière."
Q: La France est sur une série de dix victoires consécutives. Son statut a-t-il changé sur la scène mondiale?
R: "On est beaucoup plus attendu qu'il y a deux ans. Nos résultats parlent pour nous, on n'aura plus d'effet de surprise. A nous de répondre à ce statut. De favori, je ne sais pas, mais d'équipe performante on va dire. On en est conscient, il faut qu'on assume ça et qu'on joue à notre niveau quand on est sur le terrain."
Q: Vous avez également pris une autre dimension personnellement...
R: "J'ai eu la chance de pouvoir gagner des titres avec mon club (Toulouse) et l'équipe de France. J'évolue dans des équipes performantes, qui jouent pour gagner des titres tous les ans. Evidemment, au milieu, il y a toujours des individualités qui ressortent et j'ai eu la chance de gagner des trophées moi aussi. Ça fait partie du jeu, mais la priorité, c'est le résultat collectif. Il vaut donc mieux se concentrer sur ça."
Q: Votre notoriété dépasse aujourd'hui le monde du rugby. Comment le vit-on quand on est d'un naturel plutôt discret comme vous?
R: "C'est une chose qui est à appréhender dans la vie de tous les jours. C'est venu progressivement, pas du jour au lendemain, j'ai pu m'adapter. Je suis très exigeant avec moi-même donc je sais que si je suis moins bon, les supporters et tous les amateurs de rugby seront là pour me tomber dessus, mais moi aussi, donc il n'y a pas de souci avec ça."
Q: Dans quels domaines pensez-vous pouvoir encore progresser?
R: "Tous. On est toujours perfectible. Même si ça fait plusieurs années que je suis en équipe de France, je n'ai que 40 sélections. Quand on affronte des équipes avec des joueurs qui en ont 100, 120, 130, on se rend compte du chemin qu'on a à parcourir. Continuer à gagner des titres, arriver à avoir cette consistance, cette régularité sur tous les matches et enchaîner au fil des saisons. C'est ça qui est le plus dur."
Q: Avez-vous le sentiment d'être ciblé par les défenses adverses?
R: "Avec Toulouse ou l'équipe de France, on a beaucoup d'individualités capables de faire la différence. Donc s'ils se concentrent sur moi, ça ouvrira des portes aux autres et je ne suis pas sûr que ce soit une bonne stratégie. Les équipes en face le savent aussi."
Q: Vous avez été reconduit cette semaine en tant que capitaine. Comment abordez-vous cette fonction?
R: "Vu que ce n'est plus la première fois, j'ai plus d'expérience dans ce rôle, plus de vécu. L'équipe aussi a plus de confiance, on a gagné pas mal de matches depuis. Donc je suis plus à l'aise dans ce rôle qu'il y a un an."
Q: Comment Charles Ollivon, premier capitaine désigné par le sélectionneur Fabien Galthié lors de sa prise de fonction, a-t-il accueilli cette annonce?
R: "Charles reste un leader de l'équipe. On est plusieurs leaders désignés et on échange régulièrement entre nous. Si lui ou un autre a quelque chose à dire, il le dit sans problème, le dialogue est facile (...) Ça peut aussi être d'autres joueurs qui ne sont pas forcément dans ce groupe défini. S'ils ont des choses à dire, ils seront écoutés également. Pas mal de joueurs ont pris de l'épaisseur dans l'équipe et de l'expérience depuis le début du mandat (de Galthié)."
Q: Savez-vous ce que vous ferez dans un an jour pour jour, le 28 octobre 2023?
R: "C'est la date de la finale (de la Coupe du monde)? J'espère que j'aurai le sourire, sur le podium. C'est tout le mal que je me souhaite (rires)."
Propos recueillis par Sébastien DUVAL
N.Patterson--TFWP