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"Tout le monde préfèrerait passer le réveillon en famille": toujours mobilisés contre la politique gouvernementale de gestion de la dermatose bovine, les agriculteurs du barrage de Carbonne, au sud de Toulouse, ont passé le réveillon de Noël sur l'A64, avec en point d'orgue une messe célébrée sur l'autoroute.
Au cours de la cérémonie, tenue sous une tonnelle de près de 40 mètres de longueur, au moins 300 personnes ont prié le "Seigneur de veiller sur nos agriculteurs".
De nombreux habitants des environs, dont le soutien est constant depuis l'installation du campement, le 12 décembre, sont venus encore une fois exprimer leur soutien aux agriculteurs.
"On a reçu 20 douzaines d'huitres et ce matin des gens ont porté des bûches", se réjouit Frédéric Meynard, céréalier et membre des Ultras de l'A64, association à l'origine du blocage de Carbonne (Haute-Garonne). Des boîtes de chocolat et des pots de miel sont venus s'ajouter aux kilos de vivres et de boissons stockés dans deux conteneurs, constamment pleins depuis le début du blocage.
Déjà passé plusieurs fois sur le barrage en soutien, Fabrice Graglia regrette que le gouvernement n'écoute pas les revendications des agriculteurs. Il est venu s'assurer que les manifestants ne manquaient de rien pour le réveillon. "Je leur ai proposé du champagne pour qu'ils égayent un peu leur soirée", confie cet agent SNCF de 49 ans, entouré de ses deux fils.
"C'est un peu triste de les voir rester fêter Noël ici", déplore Nathan Graglia, étudiant en informatique à Toulouse.
- "Donner et recevoir" -
Christophe Gimenez, un manageur dans les transports de 50 ans, est lui aussi venu plusieurs fois. Il souligne la solidarité qui règne sur le barrage: "Ici c'est convivial. Dans la vie, il faut savoir donner et recevoir. Vendredi et samedi, je suis venu faire des pizzas pour tout le monde et ce soir de Noël, je suis là aussi", dit-il avec conviction.
Comme lui, Joëlle, 76 ans, une retraitée de l'immobilier, est opposée à l'accord commercial avec le Mercosur car elle "aime manger de la bonne viande".
Reçus mardi soir par le préfet de Haute-Garonne, les Ultras de l'A64 ont décidé de poursuivre le mouvement, faute de "solutions" suffisantes apportées par l'Etat, notamment concernant la crise de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) mais aussi les difficultés des céréaliers du département.
"Tout le monde préfèrerait passer le réveillon en famille, a reconnu Frédéric Meynard.
Sur le blocage, au même endroit que lors du mouvement agricole de janvier 2024, plusieurs sapins ont été décorés de boules et de guirlandes pour amener un peu d'esprit de Noël.
L'un d'entre eux, garni de grenades lacrymogènes vides, vient aussi rappeler les affrontements entre les gendarmes et des agriculteurs tentant d'empêcher l'abattage de 207 vaches aux Bordes-sur-Arize, en Ariège, il y a deux semaines, la veille de l'installation du barrage de Carbonne.
A quelques mètres du pont, où plus d'une centaine de personnes présentes en début de soirée se réchauffent devant des braseros, plusieurs hommes s'affairent en cuisine, notamment en ouvrant des huitres, alors que, quelques mètres plus loin, des dindes et un sanglier à la broche sont presque cuits.
L'affluence ne fait pas peur à Jean-Benoît Devic, éleveur et céréalier. "Depuis le début, on a dû faire manger 7.000 personnes sous le pont et ça se fait tout seul", assure-t-il.
Malgré l'arrivée du froid et des nuits plus rudes, le blocage ne sera pas levé tant que les revendications des agriculteurs ne seront pas "entendues et considérées", prévient Frédéric Meynard.
Un nouvel an sur l'autoroute ? "On ne l'espère pas, mais s'il faut en arriver là on le fera".
L.Rodriguez--TFWP