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Malgré les appels internationaux à la désescalade, les affrontements se sont étendus mardi le long de la frontière contestée entre la Thaïlande et le Cambodge, où le bilan total s'élève à dix morts et près de 150.000 déplacés.
Les deux pays voisins d'Asie du Sud-Est s'accusent mutuellement d'avoir déclenché la reprise des combats dimanche soir, moins de deux mois après un accord de cessez-le-feu cosigné par le président américain Donald Trump.
Le Cambodge affirmait jusqu'ici ne pas avoir répondu aux attaques de la Thaïlande, qui a notamment mené lundi des frappes aériennes et déployé des tanks dans les zones frontalières.
Mais l'ancien Premier ministre Hun Sen a fait savoir mardi que l'armée cambodgienne avait engagé une riposte "après avoir fait preuve de patience pendant plus de 24 heures afin de respecter le cessez-le-feu et pour avoir le temps de mettre la population à l'abri".
L'armée thaïlandaise a annoncé mardi la mort de deux soldats après un premier la veille, dont un dans l'explosion d'une grenade à proximité du temple de Preah Vihear, un site classé à l'Unesco.
Le ministère cambodgien de la Défense a fait état de son côté de la mort de trois nouveaux civils mardi, portant le total à sept depuis la reprise des hostilités.
- "Tellement peur" -
Comme en juillet dernier, des dizaines de milliers de personnes ont été contraintes d'évacuer les régions frontalières: environ 125.000 côté thaïlandais et plus de 21.000 côté cambodgien, selon les autorités.
Poan Hay, une Cambodgienne de 55 ans, a quitté sa maison à la hâte avec ses proches, dont trois enfants en bas âge, dès qu'elle a entendu des coups de feu.
"C'est la quatrième fois que je dois fuir", a-t-elle raconté à l'AFP depuis une pagode de la province de Siem Reap. "Je ne sais pas quand je pourrai rentrer. Je dors très peu depuis cinq mois, j'étais inquiète pour notre sécurité. Des avions thaïlandais ont survolé la frontière hier, j'avais tellement peur".
Dans la province thaïlandaise de Surin, Sutida Pusa, gérante d'une petite épicerie, a hésité avant d'évacuer son village, situé à une vingtaine de kilomètres de la frontière.
"Je voulais d'abord constater la situation par moi-même car les combats ne sont pas aussi bruyants qu'en juillet", a dit à l'AFP cette femme de 30 ans. "On ne fait pas toujours confiance à ce qu'on nous dit".
Samlee Tahan, une agricultrice thaïlandaise de 56 ans, a elle décidé de rester chez elle, malgré les bruits de tirs et d'explosions au loin, afin de pouvoir nourrir ses vaches.
"Je ne peux pas vraiment travailler car la guerre me fait peur", témoigne-t-elle. "Quand est-ce que ça va s'arrêter? Ca fait longtemps que ça dure".
- Fermeté -
La Thaïlande et le Cambodge s'étaient déjà affrontés pendant cinq jours en juillet. Les combats, au sol et dans les airs, avaient alors fait 43 morts et contraint 300.000 personnes à évacuer de part et d'autre.
Les deux voisins ont signé le 26 octobre, sous l'égide de Donald Trump, un accord de cessez-le-feu qui a été suspendu quelques semaines plus tard par Bangkok après l'explosion d'une mine terrestre ayant blessé plusieurs de ses soldats.
"La Thaïlande doit soutenir fermement ceux qui protègent notre souveraineté. Nous ne pouvons pas nous arrêter maintenant", a affirmé mardi son Premier ministre Anutin Charnvirakul, sans montrer de signes d'apaisement.
Le conflit repose sur un différend ancien concernant le tracé de certaines parties de la frontière entre les deux pays, longue de 800 kilomètres et datant de la colonisation française.
G.Dominguez--TFWP