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Michel Barnier, qui poursuit ses discussions pour former son gouvernement, se rend jeudi sur ses terres savoyardes pour retrouver les parlementaires de sa famille politique Les Républicains, qui font monter les enchères - comme Renaissance - pour leur participation à l'exécutif.
Le Premier ministre se rendra à la mi-journée près d'Aix-les Bains en Savoie, sa terre d'élection, où il fut 17 ans président du département. L'ancien ministre de l'Environnement visitera l'Institut national de l'énergie solaire, avant de marquer à nouveau son attachement aux services publics dans une maison France Services.
Nommé par le président Emmanuel Macron après des élections législatives qui n'ont pas permis de dégager une majorité à l'Assemblée nationale, il est attendu l'après-midi à Annecy (Haute-Savoie) par les députés et sénateurs LR réunis pour leur rentrée parlementaire.
Après avoir promis mercredi de nommer un gouvernement "la semaine prochaine" et rencontré les trois formations du camp présidentiel (Renaissance, Modem et Horizons), il dialoguera avec les parlementaires LR qui ont donné leur feu vert mercredi à une participation au futur gouvernement mais "pour une vraie politique de droite".
"Nous sommes prêts à participer à un gouvernement, mais en étant attentifs sur les garanties pour une vraie politique de droite sur les sujets que nous jugeons fondamentaux", a déclaré le patron des députés Laurent Wauquiez devant les élus, selon un participant.
Avec 47 élus à l'Assemblée nationale, la droite joue un rôle pivot. Si son leader de LR, Laurent Wauquiez, avait dans un premier temps écarté d'y participer, la ligne a changé.
- "Otage" -
Dans son intervention devant ses députés, Laurent Wauquiez a posé ses exigences. Il s'est montré préoccupé par "la reconduite de ministres sortants qui ne donneraient pas l'image du changement", exigeant que Michel Barnier "ne soit pas otage de la politique d'hier".
Il n'a pas caché non plus son opposition à la possibilité d'introduire la "proportionnelle qui menace la stabilité de nos institutions", et attend des précisions de Michel Barnier sur "l'immigration, la trajectoire budgétaire, le péril de l'augmentation d'impôts et la valorisation du travail".
Le RN, dont l'accord tacite a permis la nomination de Michel Barnier à Matignon, a fait de la proportionnelle une de ses principales revendications pour ne pas censurer le futur gouvernement.
En se retrouvant en fin d'après-midi à Annecy, députés et sénateurs tenteront de donner un message d'unité face à Michel Barnier, après avoir connu de fortes dissensions internes avec la décision de leur président Eric Ciotti, qu'ils tentent en vain d'exclure, de faire alliance avec l'extrême droite aux législatives.
- "Lumière" -
Les députés Renaissance avaient rencontré M. Barnier mardi soir. Le bureau exécutif du parti, réuni mercredi soir, n'a pas formellement acté sa participation au gouvernement, souhaitant poursuivre les "discussions programmatiques" et érigeant en "impératif" la présence de la gauche comme de la droite et du centre dans la nouvelle équipe.
Son secrétaire général Stéphane Séjourné s'est dit partisan de "prendre les ministères des bonnes nouvelles", selon un participant, et d'"imposer un maximum des vues de Renaissance". Mais l'ex Premier ministre Gabriel Attal n'a pas semblé croire que le parti puisse "imposer quoi que ce soit" à Michel Barnier, selon la même source.
Gérald Darmanin, ministre démissionnaire de l'Intérieur, a lui mis en garde contre "l'éclatement" du bloc central, entre l'aile droite prête à intégrer le gouvernement et l'aile gauche qui ne veut pas donner de blanc-seing.
Aurore Bergé, issue de l'aile droite et ministre démissionnaire à l'Egalité, a estimé sur RTL que "l'alternance" réclamée par les Français aux législatives devait "s'incarner avec, malgré tout, des membres du bloc central" au gouvernement, mais elle a reconnu que ce n'était "pas simple".
Les noms de plusieurs figures de droite circulent pour d'importants ministères.
La députée et secrétaire générale de LR, Annie Genevard, a exprimé mercredi son intérêt pour un ministère à l'Education nationale si cela lui était proposé.
Le nom de Laurent Wauquiez, qui nourrit des ambitions pour 2027, figure parmi les prétendants au ministère de l'Intérieur, que pourrait aussi piloter le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau.
Les "CV de LR atterrissent sur le bureau de Michel Barnier", observe un sénateur amusé, convaincu que M. Wauquiez ne peut "rester dans un bourbier à l'Assemblée, pendant que les autres prennent la lumière au gouvernement".
P.McDonald--TFWP