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Le nouveau Premier ministre conservateur britannique Rishi Sunak a décidé mercredi de repousser à mi-novembre la présentation de mesures budgétaires très attendues pour mettre fin aux turbulences financières provoquées par l'éphémère précédent gouvernement.
Le troisième chef de gouvernement du Royaume-Uni en 50 jours, qui va affronter mercredi midi l'opposition au Parlement pour la première fois, prend les commandes de Downing Street sur fond d'une grave crise sociale provoquée par l'envolée des prix. Le contexte économique s'est encore dégradé lorsque les promesses de baisses massives d'impôts, non financées, de l'ex-Première ministre Liz Truss ont affolé les marchés en septembre, faisant plonger la livre sterling et s'envoler les taux d'intérêt.
Pour calmer la tempête, l'expérimenté Jeremy Hunt avait été appelé au ministère des Finances et était déjà revenu sur l'essentiel des mesures annoncées. Il devait présenter lundi prochain un plan budgétaire destiné notamment à rassurer sur la stabilité à long terme des finances publiques.
"Je veux confirmer qu'elle démontrera que la dette diminuera à moyen terme", a déclaré le chancelier. "Mais il est également extrêmement important que cette présentation soit basée sur les prévisions économiques et les prévisions des finances publiques les plus précises possibles."
- L'opposition veut des élections -
Selon la presse britannique, Rishi Sunak, un ex-banquier et ex-ministre des Finances qui avait lui-même averti des conséquences néfastes du programme de Liz Truss pendant l'été, veut s'impliquer personnellement dans la préparation de ces mesures, alors qu'un retour de l'austérité est redouté.
Le nouveau Premier ministre a averti mardi que des "décisions difficiles" seraient nécessaires face à la crise économique et a promis de "réparer" les "erreurs" de Liz Truss, qui a quitté Downing Street après 49 jours au pouvoir, un mandat d'une brièveté inédite.
L'opposition travailliste, largement en tête dans les sondages, réclame quasiment chaque jour des législatives anticipées, sans attendre fin 2024 ou début 2025 comme prévu, dénonçant la politique des conservateurs qui "ont mis en pièces l'économie".
Selon un sondage Ipsos publié lundi, 62% des électeurs souhaitent un tel scrutin avant la fin 2022.
- Volonté d'unité -
Rishi Sunak exclut un recours aux urnes, assurément dévastateur pour la majorité conservatrice au pouvoir depuis 12 ans. Il tente de recoller les morceaux d'un parti très divisé après des mois de scandales et turbulences politiques et économiques.
A l'inverse de Liz Truss qui avait composé un gouvernement avec des figures loyales, il a rappelé au gouvernement les barons de son parti, y compris des soutiens de celle qui l'a précédé ou de Boris Johnson.
Dominic Raab - proche allié de M. Sunak - a quant à lui retrouvé son rôle de vice-Premier ministre et ministre de la Justice qu'il avait dû abandonner après la démission de Boris Johnson.
Suella Braverman, nommée en septembre ministre de l'Intérieur par Liz Truss et qui avait démissionné mercredi dernier, retrouve elle aussi son poste. Influente dans l'aile droite du parti, elle a une position très dure sur l'immigration.
En pleine guerre en Ukraine, les ministres de la Défense Ben Wallace et des Affaires étrangères James Cleverly ont également conservé leur portefeuille.
Le Daily Mail salue "un cabinet d'unité" et décrit la performance de M. Sunak comme "digne d'un homme d'État". C'est "le calme après la tempête --nous l'espérons", est-il écrit.
Le Times estime que la plupart des ministres choisis ont "fait preuve de compétence dans l'exercice de leurs fonctions" et que le premier jour de Rishi Sunak "donne un sentiment de sérieux".
"Pendant ce temps, dans le monde réel", titre en Une le tabloïd The Mirror qui donne la parole à des Britanniques durement frappés par l'inflation, qui dépasse les 10%.
Sur le plan international, Rishi Sunak est encore inexpérimenté. Dès mardi, il s'est entretenu avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky et l'a assuré du "soutien inébranlable" du Royaume-Uni face à l'invasion russe. Il a aussi échangé par téléphone avec le président américain Joe Biden.
P.Grant--TFWP