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Les agents du Louvre ont voté à l'unanimité mercredi matin en faveur de la reconduction de la grève qui avait empêché le musée d'ouvrir lundi et rend très incertaine sa réouverture, nouvelle épreuve pour un établissement en crise dont la présidente est réentendue en fin de journée au Sénat.
Les salariés, qui débrayent contre les problèmes de sous-effectif, la dégradation du bâtiment ou la hausse des tarifs pour les non-Européens, étaient "au moins 300" à l'AG selon la CFDT.
Dehors devant la pyramide, un panneau indiquait aux visiteurs ayant trouvé portes closes que "l'ouverture du musée est actuellement retardée", et que l'établissement communiquerait "les modalités d'une éventuelle ouverture dès que possible".
La direction doit à présent préciser si elle dispose d'assez d'agents pour assurer une ouverture partielle du Louvre ou si elle doit le fermer intégralement comme lundi. Le musée parisien était resté clos mardi, jour de fermeture hebdomadaire.
A 9H00, avant l'issue du vote de l'assemblée générale, les visiteurs du jour étaient partagés. "Nous espérons que le musée sera ouvert, puisque nous retournons demain au Japon. C'est maintenant ou jamais pour le visiter", avait confié à l'AFP Chika Nishi, 29 ans, étudiante en droit.
"Je ne suis pas en colère car je respecte les travailleurs et ils doivent défendre leurs droits. Si le musée n'ouvre pas aujourd'hui, je ne sais pas si on pourra y aller un autre jour de la semaine car tout est affiché complet", a déclaré pour sa part Maximilian Cimander, 23 ans, étudiant allemand dans la capitale pour la semaine.
Lundi, une réunion de crise avait eu lieu avec les syndicats au ministère de la Culture, en première ligne dans ce dossier, pour répondre à la colère des agents, également nourrie par la succession d'avanies depuis le cambriolage du 19 octobre.
Outre l'annulation de la baisse prévue de 5,7 millions d'euros de dotation au Louvre pour 2026, le ministère propose de redéployer des effectifs et d'ouvrir des recrutements dédiés à l'accueil et la surveillance du musée, et s'engage au versement d'une prime exceptionnelle alors que les syndicats voudraient une revalorisation indemnitaire pérenne.
Trois réunions ont déjà eu lieu au ministère la semaine dernière, dont l'une avec Rachida Dati, sans parvenir à éteindre la mobilisation.
- Désaveu -
Fragilisée encore davantage par ce conflit social, la présidente du Louvre passera, à partir de 16H30, de nouveau sur le gril de la commission de la culture du Sénat, qui cherche à éclairer les failles sécuritaires du musée.
Le 22 octobre, trois jours après le vol des huit joyaux de la Couronne, Laurence des Cars avait déjà reconnu un "échec" devant les sénateurs mais défendu son action, en assurant notamment avoir "accéléré l'élaboration" du schéma directeur de sûreté.
Depuis, des révélations embarrassantes ont toutefois affaibli la dirigeante, arrivée à la tête du musée fin 2021.
Laurence des Cars a dû reconnaître n'avoir eu connaissance d'un audit sécuritaire alarmant de 2019 qu'après le casse et la Cour des comptes a récemment pointé le "report persistant" affectant le schéma directeur de sûreté, dont la mise en œuvre n'a pas encore débuté.
La gestion de la sécurité du musée a également été étrillée par l'enquête administrative lancée après le cambriolage.
Sous pression, le Louvre a annoncé début novembre des mesures d'urgence, dont l'installation de dispositifs "anti-intrusion". Mais, signe de désaveu, la ministre de la Culture a confié à Philippe Jost, en charge du chantier de Notre-Dame, une mission de deux mois pour réorganiser le musée au côté de Mme des Cars.
Mardi, l'ancien président du Louvre Jean-Luc Martinez, destinataire de deux audits sécuritaires alarmants pendant son double mandat (2013-2021), avait défendu son action dans ce domaine devant les sénateurs.
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F.Carrillo--TFWP