AEX
-1.8900
"Moi aussi je suis une sale conne": la polémique née des proposs insultants de Brigitte Macron envers des militantes féministes ne retombe pas, avec le soutien apporté par de nombreuses actrices aux victimes de violences sexuelles, sur les réseaux.
À gauche comme dans les rangs féministes, l'indignation reste forte près de 48 heures après la diffusion d'une vidéo où la Première dame qualifie de "sales connes" des militantes de #Noustoutes ayant interrompu un spectacle de l'humoriste Ary Abittan - échange capté dans les coulisses des Folies Bergère dimanche soir.
Sur les réseaux sociaux, la polémique a également été inflammable depuis lundi. De nombreuses actrices ont utilisé le hashtag #jesuisunesaleconne en signe de solidarité avec les associations féministes et les victimes de violences sexuelles.
"Moi aussi je suis une sale conne. Et je soutiens tous.tes les autres", a écrit Judith Godrèche. "Je suis une sale conne et fière de l'être", a abondé Marion Cotillard. "On comprend mieux le manque de budget pour les associations", a ironisé Alexandra Lamy.
"Sale conne et fière de l'être. Soutien à toutes les victimes et toutes les militantes grâce auxquelles ce monde est à peine plus supportable qu'ailleurs", a commenté, toujours sur Instagram, Camélia Jordana.
Un soutien - et une expression commune, "sale conne" - également affiché par les chanteuses Clara Luciani et Angèle, l'écrivaine Camille Kouchner ou encore la réalisatrice Andrea Bescond.
- Laisser "Brigitte Macron tranquille" -
L'action du collectif #Noustoutes samedi soir aux Folies Bergères à Paris visait Ary Abittan qui a été accusé de viol fin 2021 par une jeune femme qu'il fréquentait depuis quelques semaines.
Après trois ans d'enquête, l'instruction a abouti à un non-lieu confirmé en appel en janvier. Mais son retour sur scène est depuis contesté par des féministes protestant régulièrement aux abords des salles où il se produit.
"Ce qui est gravissime", c'est que ces femmes aient tenté d'interrompre la représentation "de quelqu'un qui avait bénéficié d'un non-lieu", a réagi mercredi la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon sur France 2.
Brigitte Macron a parlé "avec spontanéité", dans "un cadre privé et sur un sujet, encore une fois, sur lequel on ne peut lui faire aucun reproche", a-t-elle ajouté. "Qu'on laisse Brigitte Macron tranquille", a-t-elle demandé, alors que la presse internationale a également relayé les propos de la Première dame, du Guardian au New-York Times en passant par El Pais
La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet s'est montrée plus nuancée, jugeant à la fois "dangereux" de remettre en cause la présomption d'innocence de l'humoriste et "crucial" le combat des féministes.
Elle a également jugé "assez indigne" le vocabulaire employé par Brigitte Macron. "On ne traite pas les gens de noms d'oiseaux, surtout quand c'est des activistes qui ont une juste cause à porter", a-t-elle dit.
- "Excuses publiques" -
Face à la polémique, née d'une vidéo diffusée à la presse people à la suite d'une bourde de l'agence Bestimage, dont la patronne est proche de la Première dame, l'entourage de Brigitte Macron a assuré qu'il ne fallait "voir dans cet échange qu'une critique de la méthode radicale employée par ceux qui ont perturbé, masqués, le spectacle d'Ary Abittan".
Mais pour "Grève féministe", ces propos "ne sont pas anodins, ils légitiment la haine envers les féministes, déjà cibles de cyberharcèlement, de menaces de mort et d’agressions et minimisent la gravité des violences sexuelles, en réduisant la dénonciation des crimes à un simple +trouble à l’ordre public+".
Dans un communiqué, ce collectif d'une soixantaine d'associations, syndicats et fédérations, demande à Brigitte Macron des "excuses publiques" et une "condamnation claire" des violences sexistes et sexuelles.
En décembre 2023, Emmanuel Macron avait suscité l'indignation des associations féministes en apportant son soutien à Gérard Depardieu, alors mis en examen pour viols et visé par trois plaintes pour agression sexuelle ou viol qu'il réfute. Il a depuis été condamné pour des agressions sexuelles.
Les associations féministes avaient qualifié les déclarations du président de "crachat" au visage des victimes.
G.George--TFWP