The Fort Worth Press - A bord du Nicolas-Jérémy, la dernière génération d'une lignée de pêcheurs

USD -
AED 3.672504
AFN 66.097111
ALL 82.900442
AMD 380.972824
ANG 1.790055
AOA 917.000367
ARS 1434.000367
AUD 1.504891
AWG 1.8
AZN 1.70397
BAM 1.679303
BBD 2.014081
BDT 122.345769
BGN 1.680002
BHD 0.377023
BIF 2954.62156
BMD 1
BND 1.295411
BOB 6.910231
BRL 5.439604
BSD 0.999957
BTN 89.908556
BWP 13.285536
BYN 2.874941
BYR 19600
BZD 2.011162
CAD 1.38265
CDF 2232.000362
CHF 0.803927
CLF 0.0235
CLP 921.880396
CNY 7.070104
CNH 7.069041
COP 3799.167132
CRC 488.472932
CUC 1
CUP 26.5
CVE 94.676512
CZK 20.783504
DJF 178.070665
DKK 6.414904
DOP 64.002061
DZD 129.723093
EGP 47.482076
ERN 15
ETB 155.107629
EUR 0.858704
FJD 2.26045
FKP 0.749695
GBP 0.749372
GEL 2.69504
GGP 0.749695
GHS 11.375091
GIP 0.749695
GMD 73.000355
GNF 8689.3058
GTQ 7.659812
GYD 209.213068
HKD 7.784904
HNL 26.337526
HRK 6.470704
HTG 130.906281
HUF 328.020388
IDR 16689.55
ILS 3.23571
IMP 0.749695
INR 89.958504
IQD 1310.007298
IRR 42112.503816
ISK 127.980386
JEP 0.749695
JMD 160.056669
JOD 0.70904
JPY 155.360385
KES 129.352166
KGS 87.450384
KHR 4003.777959
KMF 422.00035
KPW 899.999499
KRW 1473.803789
KWD 0.30697
KYD 0.833383
KZT 505.714163
LAK 21684.626283
LBP 89549.049071
LKR 308.444597
LRD 176.001374
LSL 16.947838
LTL 2.95274
LVL 0.60489
LYD 5.435968
MAD 9.235994
MDL 17.014554
MGA 4460.567552
MKD 52.925772
MMK 2099.59745
MNT 3547.373646
MOP 8.01889
MRU 39.877216
MUR 46.070378
MVR 15.403739
MWK 1733.997338
MXN 18.174604
MYR 4.111039
MZN 63.910377
NAD 16.947838
NGN 1450.080377
NIO 36.800756
NOK 10.105104
NPR 143.853518
NZD 1.730703
OMR 0.383789
PAB 1.000043
PEN 3.361353
PGK 4.243335
PHP 58.965038
PKR 280.346971
PLN 3.63215
PYG 6877.602713
QAR 3.644958
RON 4.372604
RSD 100.802816
RUB 76.80419
RWF 1454.943545
SAR 3.752973
SBD 8.230592
SCR 13.522517
SDG 601.503676
SEK 9.40005
SGD 1.295504
SHP 0.750259
SLE 23.703667
SLL 20969.498139
SOS 570.471816
SRD 38.629038
STD 20697.981008
STN 21.036363
SVC 8.750268
SYP 11056.837473
SZL 16.934701
THB 31.875038
TJS 9.174945
TMT 3.51
TND 2.933413
TOP 2.40776
TRY 42.526038
TTD 6.778861
TWD 31.289038
TZS 2440.132229
UAH 41.981024
UGX 3537.543468
UYU 39.110462
UZS 11963.250762
VES 254.551935
VND 26360
VUV 121.361107
WST 2.788611
XAF 563.222427
XAG 0.017143
XAU 0.000238
XCD 2.70255
XCG 1.802258
XDR 0.700468
XOF 563.222427
XPF 102.399863
YER 238.550363
ZAR 16.926304
ZMK 9001.203584
ZMW 23.119392
ZWL 321.999592
  • AEX

    -0.2800

    947.5

    -0.03%

  • BEL20

    16.5400

    5029.74

    +0.33%

  • PX1

    -7.3100

    8114.74

    -0.09%

  • ISEQ

    -5.1000

    12741.69

    -0.04%

  • OSEBX

    7.1500

    1632.45

    +0.44%

  • PSI20

    -40.3700

    8198.25

    -0.49%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    -87.0000

    4263

    -2%

  • N150

    13.5900

    3685.24

    +0.37%

A bord du Nicolas-Jérémy, la dernière génération d'une lignée de pêcheurs
A bord du Nicolas-Jérémy, la dernière génération d'une lignée de pêcheurs / Photo: © AFP/Archives

A bord du Nicolas-Jérémy, la dernière génération d'une lignée de pêcheurs

Ouvert d'un coup sec, le filet libère des milliers de sardines de belle taille: à bord du Nicolas-Jérémy, la pêche du jour fait disparaître pour quelques heures les angoisses des marins, qui ne voient "plus trop d'avenir" dans ce métier.

Taille du texte:

Le chalutier navigue de concert avec le Notre-Dame de Boulogne: les deux navires de 24 mètres pratiquent "la pêche en bœuf": "le filet est tendu entre les deux bateaux, c'est comme une charrue tirée par deux bœufs", explique Nicolas Margollé, capitaine du Nicolas-Jérémy.

Les chalutiers ont quitté Boulogne-sur-Mer dans la nuit, emprunté "l'autoroute du détroit" du Pas-de-Calais en direction du sud.

Mi-septembre, l'air est doux et la mer calme. Le premier "coup de chalut" est lancé vers 04H15 au large de Berck, à 30 miles marins (environ 50 km) du premier port de pêche français.

Remonté trois heures plus tard, le filet est gorgé de sardines de 15 à 20 cm — "énormes par rapport à la petite bretonne", souligne un matelot —, une pêche sélective et compacte, étoilée de méduses bleues, favorisées par la douceur estivale persistante.

Pourtant, derrière la joie de la première prise et la passion d'un métier "de liberté" qui "remplit l'assiette", affleure une inquiétude profonde. "C'est un métier difficile, trop de contraintes...", glisse Nicolas Margollé, 45 ans, qui a commencé à naviguer avec son père puis continué avec ses frères: Jérémy (41 ans), second du bateau, et Vincent (33 ans), matelot.

- "Trompe-l'oeil" -

Dans la famille, ancrée à Etaples, au sud de Boulogne-sur-mer, "on est marin depuis 1600. Avec mes frères, on est peut-être les derniers à faire ce métier", dit-il. Les fils de Nicolas sont étudiants et n'ont "aucune intention" de devenir marins; Jérémy a trois filles qui n'ont jamais envisagé d'embarquer et Vincent "ne souhaite pas" que ses enfants, encore petits, suivent son exemple.

"C'est trop de sacrifices. S'ils veulent être marins, je préfère qu'ils choisissent la marine marchande", sourit le matelot. Lui ne regrette pas son choix, "une passion", mais voudrait que les siens échappent aux nuits hachées, au stress des contrôles, aux caprices de la météo et à la concurrence terrible dans la Manche depuis le Brexit.

Après une âpre négociation entre Bruxelles et Londres, les pêcheurs français ont fini par obtenir fin 2022 le renouvellement d'un millier de licences de pêche, leur permettant de travailler dans les eaux britanniques.

La bataille a laissé des traces. "Les Anglais, si on les a mis sur une île, c'est qu'il y a une raison", lâche Nicolas Margollé.

"On a été parmi les premiers à voir notre licence renouvelée. Mais c'est un trompe-l'œil. Parce qu'en même temps, ils créent des aires marines protégées où ils vont interdire au maximum la pêche, comme par hasard dans les endroits où on va", explique le capitaine, qui réalise "30 à 40%" de son chiffre d'affaires dans les eaux britanniques.

Tous le disent: leur terrain de jeu ne cesse de rétrécir. Alors que l'équipage — six personnes à bord — remonte le second filet, vers 10H30, on aperçoit le chantier d'un parc éolien au large des falaises du Tréport (Normandie). "Un espace de plus fermé à la pêche."

Leur crainte est aussi de voir les flottilles européennes, en particulier hollandaise, venir frayer du côté français de la Manche. "Il y a déjà trop de bateaux. Les Hollandais pêchent à la senne: en quelques heures, ils ratissent des zones immenses", jusqu'à 3 km².

La senne démersale consiste à déployer deux longs câbles autour d'un filet: lorsque les câbles sont resserrés, ils créent un mur de sédiments qui rabat tous les poissons, juvéniles compris, vers le fond du filet.

"On l'a pratiquée pendant cinq–six ans, notre chiffre d'affaires a bondi de 30% au début, mais on arrête: on vide la mer, on scie la branche sur laquelle on est assis", raconte Nicolas Margollé, qui a vu les quotas de maquereaux fondre en dix ans.

Bannie en Aquitaine, Normandie et Bretagne, cette technique reste pratiquée dans les Hauts-de-France, au grand dam des pêcheurs artisanaux.

- Devoir "se justifier" -

Pour rester compétitifs, il faudrait changer de bateau: le Nicolas-Jérémy a bientôt 25 ans. En 2001, il a coûté 2,5 millions d'euros, "aujourd'hui, le même neuf, moins polluant, plus confortable, ce serait plus de 6 millions". L'avenir est "trop plein d'incertitudes" pour justifier un tel investissement, estiment les trois frères.

Alors ils améliorent l'existant, viennent d'installer un nouveau sondeur pour repérer les bancs de poissons.

Les marins étaplois sont aussi las de devoir "se justifier": après la saison de la sardine, pêchée au filet pélagique, ils pratiquent le chalutage de fond — qui racle les fonds marins — pour chasser l'encornet.

"Je passe là où mon père et mon grand-père passaient: si on avait tout détruit, on ne prendrait plus rien", balaye Nicolas Margollé.

La quatrième prise est miraculeuse, les marins travaillent d'arrache-pied pour nettoyer et ranger le poisson en cagettes, recouvertes de glace, pour tenir jusqu'au retour au port.

Cette nuit-là, les deux chalutiers boulonnais rentrent avec "22 tonnes de sardines". "Ca correspond à notre carnet de commandes, on ne pêche jamais plus."

J.M.Ellis--TFWP