The Fort Worth Press - Au Bangladesh, les inquiétants ravages de la pollution au plomb

USD -
AED 3.672498
AFN 66.379449
ALL 81.856268
AMD 381.470305
ANG 1.790403
AOA 916.999887
ARS 1449.338603
AUD 1.487641
AWG 1.80025
AZN 1.683593
BAM 1.658674
BBD 2.014358
BDT 122.21671
BGN 1.660397
BHD 0.377363
BIF 2957.76141
BMD 1
BND 1.284077
BOB 6.926234
BRL 5.524803
BSD 1.00014
BTN 89.856547
BWP 13.14687
BYN 2.919259
BYR 19600
BZD 2.011466
CAD 1.36453
CDF 2200.000062
CHF 0.78816
CLF 0.023073
CLP 905.408908
CNY 7.028503
CNH 7.00221
COP 3718.3
CRC 499.518715
CUC 1
CUP 26.5
CVE 93.513465
CZK 20.550101
DJF 177.720076
DKK 6.335901
DOP 62.690023
DZD 129.720387
EGP 47.501394
ERN 15
ETB 155.604932
EUR 0.848225
FJD 2.269199
FKP 0.740328
GBP 0.739535
GEL 2.685033
GGP 0.740328
GHS 11.126753
GIP 0.740328
GMD 74.533829
GNF 8741.153473
GTQ 7.662397
GYD 209.237241
HKD 7.77175
HNL 26.362545
HRK 6.3939
HTG 130.951927
HUF 328.978502
IDR 16744.5
ILS 3.192885
IMP 0.740328
INR 89.76295
IQD 1310.19773
IRR 42125.000093
ISK 125.540161
JEP 0.740328
JMD 159.532199
JOD 0.708982
JPY 156.346966
KES 128.949723
KGS 87.424973
KHR 4008.85391
KMF 418.000194
KPW 899.999999
KRW 1442.480116
KWD 0.30716
KYD 0.833489
KZT 514.029352
LAK 21644.588429
LBP 89561.205624
LKR 309.599834
LRD 177.018844
LSL 16.645168
LTL 2.95274
LVL 0.60489
LYD 5.412442
MAD 9.124909
MDL 16.777482
MGA 4573.672337
MKD 52.283113
MMK 2100.090949
MNT 3557.814684
MOP 8.011093
MRU 39.604456
MUR 45.989861
MVR 15.450151
MWK 1734.230032
MXN 17.890698
MYR 4.0485
MZN 63.910213
NAD 16.645168
NGN 1450.250114
NIO 36.806642
NOK 9.99085
NPR 143.770645
NZD 1.71314
OMR 0.384681
PAB 1.000136
PEN 3.365433
PGK 4.319268
PHP 58.732025
PKR 280.16122
PLN 3.577755
PYG 6777.849865
QAR 3.645469
RON 4.318501
RSD 99.70188
RUB 78.916287
RWF 1456.65485
SAR 3.750699
SBD 8.153391
SCR 14.464811
SDG 601.49982
SEK 9.155235
SGD 1.282995
SHP 0.750259
SLE 24.074987
SLL 20969.503664
SOS 570.585342
SRD 38.3355
STD 20697.981008
STN 20.777943
SVC 8.75133
SYP 11058.38856
SZL 16.631683
THB 31.055038
TJS 9.19119
TMT 3.51
TND 2.909675
TOP 2.40776
TRY 42.923402
TTD 6.803263
TWD 31.433801
TZS 2470.000205
UAH 42.191946
UGX 3610.273633
UYU 39.087976
UZS 12053.751267
VES 288.088835
VND 26291
VUV 120.672095
WST 2.788611
XAF 556.301203
XAG 0.013248
XAU 0.000221
XCD 2.70255
XCG 1.802508
XDR 0.692918
XOF 556.303562
XPF 101.141939
YER 238.449799
ZAR 16.663105
ZMK 9001.196166
ZMW 22.577472
ZWL 321.999592
  • AEX

    -0.8500

    941.37

    -0.09%

  • BEL20

    -17.2000

    5040.37

    -0.34%

  • PX1

    0.0000

    8103.58

    0%

  • ISEQ

    -6.5200

    13037.23

    -0.05%

  • OSEBX

    4.1600

    1666.51

    +0.25%

  • PSI20

    13.8900

    8183.11

    +0.17%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    5.4700

    4214.37

    +0.13%

  • N150

    6.3700

    3753.91

    +0.17%

Au Bangladesh, les inquiétants ravages de la pollution au plomb
Au Bangladesh, les inquiétants ravages de la pollution au plomb / Photo: © AFP

Au Bangladesh, les inquiétants ravages de la pollution au plomb

Il a 12 ans mais sa petite taille n'en suggère guère plus de 8. Comme la plupart des enfants de son village, Junayed souffre d'empoisonnement au plomb, un mal aussi silencieux que redoutable qui inquiète les autorités du Bangladesh.

Taille du texte:

Assis sur une chaise en plastique, il promène son regard vide dans la cour de sa maison de Lalbari, à deux heures de route au nord de la capitale Dacca. De l'affection qui le ronge, il ne dit pas un mot.

Drapée dans un impeccable sari tacheté de bleu et de vert, c'est sa mère qui en parle.

"A partir du CE2, il ne voulait plus nous écouter, plus aller à l'école. Il pleurait beaucoup aussi", raconte Bithi Akter, 26 ans. "Le docteur n'a pas pu nous dire de quoi il souffrait. Après sa prise de sang, on a compris que c'était lié au plomb".

Les résultats sont sans appel: 11 microgrammes de plomb par décilitre de sang. Deux fois plus que le seuil (5 µg/dL) à partir duquel l'Organisation mondiale de la santé (OMS) juge que ce métal peut affecter le développement d'un enfant.

Les campagnes de tests menées ces dernières années au Bangladesh ont montré que le cas de Junayed était monnaie courante.

Dans ce seul pays, 60% des enfants, soit plus de 35 millions, affichent des taux de plomb dangereusement élevés. Et pour l'essentiel (86%), ce poison invisible provient des usines informelles de recyclage des batteries électriques.

Dans un rapport de 2023, le fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) et l'ONG Pure Earth ont recensé sur toute la planète 815 millions de victimes d'empoisonnement au plomb, citant la peinture, les jouets ou les ustensiles de cuisine comme autres sources de contamination.

La liste de ses effets est longue, surtout chez les enfants, plus vulnérables: baisse du quotient intellectuel et des performances cognitives, anémies, retards de croissance, affections neurologiques. Jusqu'à la mort.

- "Tueur silencieux" -

Tests sanguins en main, Bithi Akter n'a pas tardé à faire le lien entre les symptômes de son fils et cet atelier près duquel il avait l'habitude de jouer.

"Ça commençait la nuit et tout le secteur était enfumé. On sentait cette odeur particulière en respirant", se remémore-t-elle. "Les fruits ne poussaient plus pendant la saison. Un jour, on a même retrouvé deux vaches mortes chez ma tante..."

"Ils ont fermé l'usine dès qu'on a commencé à se plaindre", renchérit une autre mère du village, Morsheda Begum. Son fils Muhin, 14 ans, n'a pas échappé au plomb lui non plus.

Pour Mitali Das, de Pure Earth, le recyclage "sauvage" des batteries est un véritable poison.

"Dans ces usines, ils cassent les vieilles batteries, en retirent le plomb et le fondent pour en faire de nouvelles", décrit-elle. "Ils font tout ça à l'air libre (...) les vapeurs toxiques et l'eau acide produite dans l'opération polluent l'air, le sol et l'eau".

"Le plomb est un tueur silencieux", résume-t-elle.

Son ONG a recensé plus de 300 sites pollués dans tout le pays, dont 265 usines informelles de recyclage. La Banque mondiale estime qu'il en existerait plus d'un millier...

Comme à Fulbaria, petit village à 150 kilomètres au nord de Dacca. Au bout d'un chemin forestier, à l'abri de hauts murs de pierre et d'un portail dûment gardé, le siège de la société chinoise Xinyuan Storage Ltd.

Son directeur refuse d'ouvrir la porte, alors c'est un voisin, Rakib Hasan, qui mène la visite.

- "C'est mort" -

D'un côté de l'usine, des rizières bien ordonnées piquées de pousses vertes. De l'autre, une canalisation crache de l'eau dans un bassin d'un vert opaque. Tout autour, des parcelles mortes, engluées d'une épaisse boue orangée.

"Je me souviens qu'enfant, j'apportais à manger à mon père quand il était dans les champs. Le paysage était magnifique, vert, l'eau était claire", raconte Rakib Hasan, 34 ans.

"Vous voyez à quoi ça ressemble maintenant. C'est mort, pour toujours", peste l'ingénieur. "Ils ont tué notre village".

Sur sa plainte, un juge a déclaré illégale l'activité de l'usine, qui emploie officiellement 80 salariés, et ordonné d'y couper l'électricité. Mais la Cour suprême du pays a suspendu sa décision.

"L'usine a acheté les autorités locales (...) notre pays est pauvre, beaucoup de gens sont corrompus", maugrée le plaignant. "On a besoin d'emplois, mais pas de ceux qui détruisent notre environnement..."

Sollicitées par l'AFP, ni l'entreprise ni l'ambassade de Chine n'ont répondu.

Quant à la ministre de l'Environnement du gouvernement provisoire, elle refuse de se prononcer sur un dossier porté devant la justice.

"Nous menons régulièrement des opérations contre la production et le recyclage illégaux des batteries électriques", assure toutefois Syeda Rizwana Hasan, "mais ces efforts sont souvent insuffisants face à l'ampleur du phénomène".

- "Prévenir" -

Il faut dire que le recyclage informel des batteries a le vent en poupe au Bangladesh. Dopé par le "boom" de l'électrification des "rickshaws", ces tricycles à moteur qui encombrent les rues des villes et les routes des campagnes du pays.

Les autorités en ont recensé près de 4 millions. Le juteux marché de leurs batteries est estimé à 870 millions de dollars (800 M euros)...

"Il est presque totalement informel", déplore Sohanur Rahman, de l'ONG Youth Net. "Il faut le légaliser de façon à ce que les règles de sécurité du gouvernement soient appliquées".

"C'est un peu le revers du tout électrique", regrette Maya Vandenant, de l'Unicef, qui prêche pour une stratégie de "formalisation" du secteur incluant règles plus strictes, incitations fiscales et surtout campagnes d'information.

"La plupart des gens ignorent les dangers du plomb", insiste-t-elle. "Le coût de la perte de QI causée par le plomb a été estimé à 6,9 points de croissance pour l'économie du pays !"

Pour mieux lutter contre cette pollution, une nouvelle campagne de tests sanguins vient d'être lancée auprès de 9.000 habitants du pays. Outre celui du plomb, elle mesurera le taux d'autres métaux lourds comme le mercure ou l'arsenic.

Autorités et ONG ne se font pas d'illusion: ses résultats seront mauvais.

Alors pour le Dr Muhammad Anwar Sadat, qui suit le dossier au ministère de la Santé, il y a déjà urgence.

"Si nous ne faisons rien, avertit-il, le nombre de personnes affectées sera multiplié par trois ou quatre dans les deux prochaines années".

P.Navarro--TFWP