The Fort Worth Press - Les frappes se multiplient sur Kiev et d'autres villes d'Ukraine avant la reprise de pourparlers

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Les frappes se multiplient sur Kiev et d'autres villes d'Ukraine avant la reprise de pourparlers

Les frappes se multiplient sur Kiev et d'autres villes d'Ukraine avant la reprise de pourparlers

Des délégations russe et ukrainienne doivent reprendre leurs pourparlers mardi, alors que les frappes russes se multiplient sur Kiev même et que l'armée russe élargit son offensive à tout le pays, jetant sur les routes de l'exil plus de trois millions d'Ukrainiens.

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Deux personnes ont été retirées mortes et 27 autres ont pu être dégagées vivantes d'un immeuble d'un quartier ouest de la capitale, Sviatochine. Le bâtiment de 15 étages s'est embrasé mardi après avoir été touché par une frappe, selon les services de secours ukrainiens.

"A 04H20, tout tremblait très fort. Je me suis levée, ma fille a accouru et m'a demandé, +Tu es vivante?+ Mais dans une des chambres, on n'arrivait pas à dégager mon gendre et mon petit-fils, alors on a cassé les portes, ils ont pu sortir", a indiqué à l'AFP Lioubov Goura, 73 ans, qui résidait au 11e étage, juste après que les secours l'eurent ramenée au sol.

La capitale vit "un moment dangereux et difficile", a déclaré le maire de la ville, Vitali Klitschko, en décrétant un couvre-feu de mardi 20H00 (18H00 GMT) à jeudi 07H00 (05H00 GMT).

Kiev, que les forces russes tentent d'encercler, s'est vidée d'au moins la moitié de ses quelque trois millions habitants depuis le début du conflit le 24 février.

- Visite de dirigeants -

La ville désertée attendait néanmoins la visite des Premiers ministres polonais Mateusz Morawiecki, tchèque Petr Fiala et slovène Janez Jansa, partis de Pologne mardi, en train, pour rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le Premier ministre Denys Chmygal, selon un communiqué de la présidence polonaise.

L'objectif de cette visite est de "réaffirmer le soutien sans équivoque de l'ensemble de l'Union européenne à la souveraineté et à l'indépendance de l'Ukraine, et de présenter un vaste ensemble de mesures de soutien à l'État et à la société ukrainiennes".

Cette visite, la première annoncée de dirigeants étrangers à Kiev depuis le début de la guerre, intervient alors que doivent reprendre mardi des pourparlers russo-ukrainiens, interrompus la veille.

Les discussions se déroulent par visioconférence après trois rounds en présentiel au Bélarus voisin puis une rencontre jeudi en Turquie des chefs des diplomaties russe et ukrainienne.

Le Kremlin a estimé mardi prématuré tout "pronostic", tandis qu'un conseiller de la présidence ukrainienne a jugé possible un accord de paix d'ici "fin mai".

Dans la nuit, le président Volodymyr Zelensky a assuré que les Russes ont "commencé à comprendre qu'ils n'arriveront à rien par la guerre".

"On m'a dit que (les pourparlers en cours) étaient plutôt bons", a indiqué le chef de l'Etat, après avoir évoqué samedi une approche nouvelle, "fondamentalement différente", de Moscou dans les négociations. "Mais attendons de voir".

- Trois millions de réfugiés -

En attendant une éventuelle percée dans les discussions, la Russie élargit son offensive à l'ensemble du pays et a évoqué lundi "la possibilité de prendre sous contrôle total (les) grandes villes qui sont déjà encerclées".

Depuis vendredi, les combats ont gagné l'ouest du pays. Une frappe lundi contre une tour de télévision près de Rivne (nord-ouest) a fait 19 morts et neuf blessés, selon un nouveau bilan mardi des autorités locales.

Et la grande ville de Dnipro, stratégique pour sa situation centrale sur le fleuve Dniepr, a vu mardi son aéroport bombardé, avec des "destructions massives", selon son maire, qui n'a pas évoqué de victimes.

Dans le sud du pays, les Russes tentent toujours de prendre Marioupol, ville portuaire stratégique sur la mer d'Azov, assiégée depuis des jours, selon l'état-major ukrainien, qui affirme les obliger à "battre en retraite".

Plus à l'ouest, les bombes pleuvent aussi sur Mykolaïv, dernier verrou sur la route d'Odessa, sur la mer Noire. Dans une des maternités de la ville, des dizaines de femmes se sont déjà habituées en cas d'alerte à descendre au sous-sol. Une salle d'accouchement y a été aménagée, avec un aquarium au bruit apaisant, a constaté l'AFP.

"En temps de paix, c'était un lieu utilisé par les plombiers, les techniciens. Il y a quatre ou cinq jours, nous avons eu deux femmes qui ont accouché simultanément dans cette pièce", raconte le médecin-chef, Andriy Hrybanov, qui se souvient avec précision du poids des nouveaux-nés, "5,18 kg et 5,4 kg".

Plus de trois millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le début de l'invasion le 24 février, a indiqué mardi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Dont 1,4 million d'enfants, soit "pratiquement un enfant par seconde", a précisé de son côté l'Unicef.

Le ministre ukrainien des Finances Sergui Martchenko a estimé que la guerre avait déjà causé quelque "500 milliards" de dollars de pertes à l'économie ukrainienne, dans une interview au magazine Forbes.

- Irruption télévisée -

En Russie, dans un rare moment de protestation publique, une femme, identifiée par l'ONG OVD-Info comme Marina Ovsiannikova, a fait irruption lundi soir sur le plateau d'une grande chaîne de télévision russe avec une pancarte critiquant l'offensive en Ukraine.

"Non à la guerre. Ne croyez pas la propagande. On vous ment ici", pouvait-on lire sur sa pancarte.

La vidéo de l'incident est devenue virale sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes saluant un "courage extraordinaire".

La protestataire a été arrêtée. Le Kremlin a dénoncé un acte de "hooliganisme".

L'utilisation du mot "guerre" par des médias ou des particuliers pour décrire l'intervention russe en Ukraine est désormais passible de poursuites et de lourdes peines. Les autorités russes parlent elles d'"opération militaire spéciale".

- Nouvelles sanctions -

Après trois semaines de guerre, un quatrième train de sanctions de l'Union européenne devait entrer mardi en vigueur, incluant des mesures contre l'accès aux marchés, les exportations de biens de luxe ou l'appartenance à des institutions financières internationales.

Un yacht d'un oligarque russe d'une valeur de près de 128 millions d'euros a notamment été immobilisé lundi à Barcelone (Espagne) dans le cadre de ces sanctions, selon le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez. "Et d'autres sont à venir", a-t-il prévenu.

Selon le quotidien El Pais, le bateau est lié à Sergueï Tchemezov, patron du conglomérat russe de l'industrie de défense Rostec, et allié de Vladimir Poutine.

Le gouvernement britannique a aussi annoncé de nouvelles sanctions, avec notamment des droits de douane punitifs sur la vodka et une interdiction d'exporter des produits de luxe vers la Russie.

Les trains de sanctions occidentales précédents ont déjà gelé quelque 300 milliards de dollars de réserves russes à l'étranger, qui pourraient empêcher la Russie d'honorer plusieurs échéances de paiement de dettes en devises étrangères en mars-avril.

La Russie a accusé lundi l'Occident de vouloir ainsi provoquer un défaut de paiement "artificiel" par ses sanctions.

Après avoir flambé au début de l'invasion, les cours du pétrole reculent.

Lundi, le petit espoir suscité par les pourparlers les avait déjà poussés à la baisse.

Mardi, le baril de brut WTI - référence du pétrole américain - est même repassé sous la barre des 100 dollars, cette fois sur fond d'inquiétudes d'un ralentissement de l'économie chinoise à cause des mesures drastiques annoncées par Pékin face à une recrudescence des cas de Covid-19 dans le pays.

burx-cat/jhd

H.M.Hernandez--TFWP