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"Un choc": la justice a prononcé jeudi la liquidation judiciaire du groupe centenaire d'électroménager Brandt, fleuron industriel français qui disparaît en laissant quelque 700 salariés au chômage à la veille de Noël.
"C'est une terrible nouvelle, un choc et un coup très dur porté à l'industrie française", a indiqué à l'AFP le président de la région Centre-Val de Loire François Bonneau, évoquant un "traumatisme" pour les quelque 700 emplois du groupe supprimés après cette décision du tribunal des activités économiques (TAE) de Nanterre.
Bercy a de son côté exprimé sa "profonde tristesse" après la liquidation d'un "fleuron français".
Devant une des usines du groupe, à Vendôme, qui emploie 93 salariés dans le Loir-et-Cher, une soixantaine de salariés ont fait part de leur colère.
"C’est une décision très choquante. On a tout fait, mais ça n’a pas marché, on était bien ici, on est tous sous le choc. Les fêtes de Noël seront tristes", a déclaré à l'AFP Célia Pinto à l'AFP, devant plusieurs braseros allumés.
Comme d'autres, elle a décidé de brûler des documents administratifs devant l'usine, façon de dire "au revoir à Brandt".
Face au risque d'une mise en liquidation, particulièrement redouté, un projet de Scop (société coopérative et participative), soutenu par le groupe Revive, devait pourtant permettre de sauver au moins 370 emplois.
Cette offre, présentée comme celle de la dernière chance, avait reçu ces derniers jours un large soutien des pouvoirs publics et d'une majorité de salariés.
La tâche s'annonçait difficile. Eentre 20 et 25 millions d'euros étaient nécessaires pour relancer l'activité de Brandt.
Les pouvoirs publics ont pourtant annoncé des soutiens en cascade: le gouvernement avait promis une aide de l'Etat à hauteur de 5 millions d'euros, suivi par la région Centre-Val de Loire et la métropole d'Orléans pour une somme atteignant au moins 20 millions d'euros.
"On ne comprend pas, les soutiens étaient là, une mobilisation sans précédent avait été faite", a dit M. Bonneau.
Le ministre de l'Economie et des Finances, Roland Lescure, et son collègue en charge de l'Industrie, Sébastien Martin ont déploré que "malgré cela, les autres acteurs indispensables n’ont pas souhaité se positionner pour sauver Brandt", semblant désigner, sans les nommer, les banques.
Face à ce "traumatisme" porté à ces emplois et au territoire, ce dernier doit se rendre dans la journée aux côtés des salariés du site situé près d'Orléans.
- "La rage" -
La coopérative était aussi l'unique possibilité de sauver les deux usines du groupe, situées près d'Orléans (Loiret), et à Vendôme (Loir-et-Cher). Avec cette décision, environ 450 postes industriels sont supprimés.
Au total, quelque 700 emplois disparaissent, alors que leurs salaires ne seront plus versés après le 15 décembre.
"C'est de la rage, de la colère, de l'incompréhension. On se sera battus jusqu'au bout", a abondé le secrétaire CGT Melkonyan Khachatur auprès de l'AFP, évoquant avec aperture "un beau cadeau de Noël".
Avec cette décision, le fabricant des produits Brandt disparaît, tout comme les trois autres marques françaises d'électroménager Vedette, Sauter et De Dietrich.
Outre ses deux usines en France, en Centre-Val de Loire, Brandt possède un centre de service après-vente en région parisienne, à Saint-Ouen-L'Aumône (Val-d'Oise). Son siège social est situé à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).
Brandt, propriété depuis 2014 du groupe algérien Cevital, réalise 260 millions d'euros de chiffre d'affaires. L'entreprise subit notamment les conséquences des temps difficiles vécus par le secteur du gros électroménager, lié au ralentissement du marché immobilier.
Ce secteur a subi l'an dernier un nouveau recul de ventes (-3,9%), après avoir déjà baissé en 2023.
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L.Coleman--TFWP